Nous nous étions donné rendez-vous... Et alors mon cher ami ! Je t’imaginais affûté, motivé et enthousiaste, à l’idée de retrouver - douze mois après notre inoubliable découverte commune - les superbes chemins ocres, parfois rêches et vallonnés, qui s’enfoncent dans les vignes prestigieuses du Sauternais pour, sublimement, conduire sur le parvis d’illustres châteaux aux patronymes allégoriques et enchanteurs : Guiraud, Malle, Bastor-Lamontagne, Suduiraut, Haut-Bergeron, Coutet, Myrat, Lafaurie-Peyraguey, Climens, Yquem, Filhot… Permets moi de te faire part de mon étonnement après avoir attentivement parcouru la liste des engagés pour la 2ème édition du marathon du Sauternais dont le départ, mais peux-tu encore l’ignorer, sera donné le samedi 2 juin. Ô surprise ton nom n’y figure point ! Aurais-tu donc oublié cette sympathique promesse que nous avions partagée, en plein effort, entre deux confidences essoufflées ? Serait-ce l’effet ravageur de l’acide lactique qui pétrifia nos muscles entre deux haies de barriques dressées dans ce chai mythique, ou bien encore les effluves si généreusement aromatisées de cet exceptionnel breuvage doré qui expliqueraient cette soudaine et, je l’espère sporadique, amnésie ? Saches surtout, mon cher ami, qu’il n’est pas trop tard pour respecter ton engagement. Ne crains rien, je ne reviendrai pas à Sauternes pour battre des records ! Simplement pour y goûter, me délecter devrais-je écrire, de cette extraordinaire convivialité locale qui se conjugue, si harmonieusement, avec l’air vivifiant des berges du Ciron, les senteurs fleuries des acacias et celles, plus typiques, de ces prestigieux vignobles qui pleurent de leurs tiges un incomparable nectar. Ne manque pas ce rendez-vous. Je t’y attends !